…« Au XXIe siècle, les musées du génocide ne doivent pas se contenter d’en perpétuer le souvenir en tant qu’événement historique : ils doivent le dépasser par une analyse débouchant sur un projet pédagogique, axé sur des valeurs comme la tolérance et le respect, le sens civique et la responsabilité. Car il ne suffit pas de montrer ce qui s’est produit pour en éviter la répétition. »…
Herman Van Goethem, Universiteit Antwerpen – Commissaire de Kazerne Dossin
KAZERNE DOSSIN – MUSEE ET CENTRE DE DOCUMENTATION SUR L’HOLOCAUSTE ET LES DROITS DE L’HOMME.
L’ancien musée juif de la Déportation et de la Résistance créé à l’initiative de la communauté juive en 1995 et situé à Malines près de la caserne Dossin a été transformé en Mémorial et a cédé sa place à un nouveau musée consacré à l’Holocauste et à la défense des Droits de l’Homme.
Ce nouvel espace a été inauguré le 26 novembre par de nombreuses personnalités dont notre roi, Albert II. Il est accessible au public à partir du 1er décembre.
Cubique, massif, austère et blanc, c’est une construction imposante. Elle a été érigée d’après les plans de l’architecte flamand Bob Van Reeth grâce au financement des autorités flamandes.
Seul le 4è étage, destiné à accueillir des expositions temporaires, est ouvert à la lumière. Les trois étages inférieurs sont volontairement plongés dans l’obscurité. Les fenêtres ont été symboliquement murées de 25.833 briques en mémoire des 25.500 juifs et 352 tsiganes de Belgique et du Nord de la France déportés à Auschwitz.
Dans l’attente de leur déportation vers les camps de concentration du IIIe Reich, Juifs et Tziganes resteront enfermés pendant des jours ou des mois dans la Kaserne Dossin, vieille caserne de l’armée située à mi-chemin entre Bruxelles et Anvers, transformée en prison. Ils quitteront le « SS Sammellager Mecheln’ » à bord de 28 convois de train. Seuls 5% des Juifs et Tziganes survivront à la guerre.
C’est par une porte d’acier coulissante rappelant celle des wagons de convoi que les visiteurs franchissent l’entrée du nouveau musée.
L’architecte, Bob Van Reeth a expliqué que «Le volume total correspond à celui des wagons utilisés durant les 28 convois ».
La visite du Musée commence par la projection d’un petit film didactique et se poursuit par trois étapes.
Chaque étage représente un thème et une époque :
Le 1er étage est intitulé « la masse », pendant l’entre-deux guerres, et montre comment les foules ont pu se laisser emporter dans l’antisémitisme, la peur et le rejet de l’autre et finalement l’acceptation de l’abrogation des libertés les plus fondamentales.
Ce thème est introduit par une photo géante du « festival « Tomorrrow Land » qui se déroule chaque année en Flandre avec des dizaines de milliers de jeunes, « pour montrer la force extrême qui peut s’en dégager si cette masse est utilisée comme arme politique »
Le 2è étage évoque « l’angoisse » de l’Occupation (1940-1942), à travers des milliers de photos, de témoignages, de procès-verbaux de police.
Le thème est introduit par la célèbre photo d’un étudiant chinois devant les chars de la place Tien An Men.
Le 3è étage, de 1942 à 1945, illustre « la mort » qui attend le visiteur avec les photos de femmes et d’enfants en route vers les chambres à gaz et des portraits de familles décimées.
Ce thème est introduit par la photo des 28 convois de la Kaserne Dossin, les photos des quelque 200.000 Allemands handicapés assassinés, l’extermination industrielle à Auscwhitz, la clandestinité et puis la vie, avec le traumatisme.
Sur toute la hauteur du bâtiment, un mur entier est recouvert des photos des visages des 25.000 déportés de Belgique. Parmi ces milliers de photos noir et blanc, quelques-unes teintées d’un jaune ocre représentent les survivants de la déportation. Tous ne sont pas identifiés, à nos jours, seuls 19.000 le sont sur les 25.000.